Elle nous vient de loin, originaire de l’Amérique du sud, précisément du Pérou où on l’appelle tomatl, et du Mexique où elle a été domestiquée, la tomate a été introduite en Europe au XVIe siècle. Les Italiens ont été les premiers à cultiver et consommer la tomate, puis elle a rapidement gagné différents pays du pourtour méditerranéen et s’est disséminée ensuite dans les jardins botaniques du pourtour européen. C’est à partir de Naples qu’au XVIIe siècle la tomate entre dans la cuisine italienne. Les Italiens la transmettent aux Provençaux. Ceux-ci la désignent sous le nom de « Pomme d’amour »
Comme beaucoup d’autres légumes et fruits, elle fut introduite en Tunisie à la fin du XVIe siècle avec l’arrivée des Andalous, elle s’est développée au Cap Bon et dans la vallée de la Medjerda. La culture de saison (de fin juin à fin novembre) est de loin la plus importante aussi bien pour la consommation locale que pour l’approvisionnement des usines de transformation. Désormais, la culture de la tomate se fait presque partout sur le territoire.
Tout ce préambule et bien d’autres informations sur la tomate, ses plants, ses variétés ( la plus cultivée en Tunisie étant la « Canatella ») sa saisonnalité, ses vertus culinaires, etc, se trouvent dans des publications d’informations générales ( dont notre journal) et des revues spécialisées qu’on consultera avec intérêt ; alors qu’est-ce qui motive cette Humeur ? Le manque d’eau, la sécheresse actuelle.
Où l’on apprend que la tomate est trop gourmande en eau, que son irrigation s’effectue essentiellement avec l’eau provenant des puits de surface. L’intensification de sa culture (surtout dans la région du Cap Bon) a entrainé un abaissement de la nappe et l’augmentation de sa salinité.
Sachant que nos réserves d’eau dans les barrages sont trop faibles par manque ( ou par absence) de pluies (elles sont actuellement de 23%), on s’attend à de gros problèmes qui touchent les grandes cultures et les terres irriguées (pas plus que 8% de la superficie agricole) dont la tomate fait partie. L’agriculture se trouve donc dans une situation préoccupante : d’une part, un stress hydrique avec élévation de la température, d’autre part, une surexploitation des eaux souterraines due à une production conséquente de produits maraîchers et surtout la tomate. L’équation, il faut l’avouer est douloureuse, difficile à résoudre. La solution ?
Raoudha Gafrej, universitaire, experte dans le domaine de l’eau et en adaptation au changement climatique, propose plusieurs solutions pour économiser l’eau, elle préconise entre autres solutions de nous adapter en changeant de mode de vie, et de mode d’alimentation. Pourquoi pas !
Quelques produits sont dans le viseur, Gafrej cite la tomate en exemple. Cultivée depuis longtemps au Cap Bon, où elle est transformée en concentré, sa production a asséché et détruit la nappe de surface, sa culture s’est déplacée au Centre, là aussi, elle a détruit la nappe, on l’a plantée à Sidi Bouzid, même cas de figure, aujourd’hui on la cultive à Kairouan, même scénario, nous apprend Mme Gafreg, qui ne cesse de lancer des alertes sur la situation catastrophique de l’eau et de la mauvaise gestion des ressources hydriques.
Et la tomate ? Première proposition : l’importation de tomates qui, aux dires de Gafrej, nous coûterait moins cher que sa production. Deuxième proposition : changer notre mode d’alimentation, autrement dit cuisiner sans tomates ou avec beaucoup moins de tomates. Le terrain de l’innovation est ouvert pour les « chefs cuisiniers et les ménagères ».